Finovate Europe : la FinTech en retard ?

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Sur le papier, Finovate Europe promet son lot d’innovation, des séances de networking intenses et un environnement propice au développement. En reportage sur place, plongeons ensemble dans l’une des conférences FinTech les plus prisées de Londres.

Finovate Europe : un événement Fintech rempli de promesses

Il est 8h04, à Londres, lorsqu’un petit défilé de businessmen s’amorce entre la station de North Greenwich et l’Intercontinental 02. Meridian Gate aura rarement vu autant de costumes, de cravates, de Mac Books et d’AirPods sur ses trottoirs, entre ses bâtiments en construction.

À quelques mètres se dresse l’Intercontinental 02, l’hôtel de luxe qui accueille Finovate Europe, l’événement Fintech leader pour découvrir des innovations de pointe et établir des connexions impactantes pour une croissance accélérée (sic).

Après un enregistrement rapide, les visiteurs se dirigent vers l’étage supérieur. Se déroule alors la speakers lounge, la press lounge et, plus loin, la salle d’exposition. Là, une soixantaine d’exposants sont installés, prêts à accueillir le public, autour d’une zone réservés au networking.

Dans une heure exactement, les conférences commenceront avec Greg Palmer, Vice-président à Finovate.

« À quoi pourrait bien ressembler la finance dans 10 ans ? », lance-t-il à l’audience.

Plus tard, il terminera son discours d’introduction en rappelant :

« Il est évident que l’industrie financière est là pour servir les intérêts des personnes »

Des mots qui rayonnent d’humanisme et de bonnes intentions, mais qui, pourtant, font souvent contraste avec la réalité.

Démonstrations et présentations : comme un goût de déjà-vu

Place aux démonstrations des différentes start-ups alors que la salle se remplit tout doucement au rythme des cafés pris dans le hall principal.

C’est là que les choses se gâtent. Plusieurs représentants enchaînent les présentations de 5 à 10 minutes chacune. Chacun en est sûr : son produit est au top de l’innovation financière. Malheureusement, la réalité est tout autre.

Byne présente sa dernière invention : un hardware sous forme de boîtier permettant de sécuriser les données sensibles. Point révolutionnaire : celui-ci permet, par exemple, d’enregistrer ses compte-rendus de réunion sans que ces derniers ne soient stockés en ligne.

De manière évidente, on pourrait simplement y voir une sorte de clé USB avec un mot de passe.

De son côté, PromoComply offre un service sur-mesure aux entreprises financières qui souhaitent faire la promotion de leur produit tout en restant dans la légalité.

« PromoComply aide les business à s’assurer qu’ils n’auront aucun problème légal et aucun problème avec le régulateur », déclare Sage Franch, CEO de PromoComply.

Boostée par IA, la solution analyse une campagne de publicité sur les réseaux sociaux, repère les sources de litiges et offre des corrections. Si l’offre est alléchante, on regrette l’absence de tarifs annoncés pour un service qui pourrait être opéré par quiconque capable d’utiliser ChatGPT.

Place ensuite à Keyless, une « solution de banking nouvelle génération », selon les dires de Tobin Broadfoot, Directeur Produit. On y découvre alors la possibilité de valider des transactions depuis son compte bancaire grâce à une reconnaissance faciale. Une possibilité déjà présente sur tous les mobiles, certes, sauf qu’ici, il est possible d’ouvrir son compte avec un appareil et d’opérer des virements depuis un autre.

Le scan est finalement stocké ailleurs que sur l’appareil. Une solution qui se veut peut-être un peu light pour un produit ayant comme slogan « The best banking app in the world ».

La finance cherche-t-elle à réinventer l’eau chaude ?

D’autres produits seront présentés à une audience à qui il sera vite demandé « d’arrêter d’applaudir les entrées des start-ups » par Greg Palmer lui-même. Cependant, quelque chose cloche. Si les problématiques abordées sont bien réelles, ne possèdent-elles pas déjà des solutions ?

Pour ne citer que les quelques exemple pris ci-dessus, Byne n’a-t-il pas simplement créé une private key sur un système de stockage extérieur ?

Les solutions proposées par PromoComply ne peuvent-elles pas simplement être offertes par un ChatGPT bien préparé ?

Keyless ne semble-t-il pas carrément en retard à l’époque où des projets comme Humanity Protocol proposent déjà bien mieux, et ce, depuis plusieurs années ?

L’engouement dans la salle d’exposition culmine petit à petit. Pourtant, difficile de comprendre ce qui excite autant les visiteurs. Les produits proposés ici ne font-ils pas que résoudre des problème déjà résolus par la blockchain et le Web3, il y a maintenant plus de 5 ans ?

Les problématiques abordées sont bien réelles, comme celles auxquelles Mifundo s’attaque : la difficulté, pour une grosse part de la population, d’obtenir un crédit.

« Il est très difficile d’obtenir un crédit en Europe, à cause du manque de confiance. Le marché est fragmenté », explique justement Alex Blay, représentant de la marque et Head of Strategic partnerships.

Mifundo, à ce titre, propose aux banques d’augmenter leur lending business au travers d’une solution qui pourrait paraître vieillotte aux amateurs de LendFi et de DeFi.

Une première journée mitigée

Aux détours des stands, des banquiers et des représentants d’institutions, les conversations tournent majoritairement autour de l’IA. Une idée qui semble prometteuse pour de nombreuses personnes vraisemblablement réfractaires à la DeFi, à la blockchain en tant que telle et aux technologies relatives au Web3.

Près de la zone de networking, une table équipée d’une machine à café un peu particulière propose un concept divertissant. L’homme derrière le stand prend une photo de chaque visiteur, et celle-ci se retrouve imprimée en rose sur la surface du prochain cappuccino.

Un visiteur, sur un ton proche de l’humour, demande :

« Qu’advient-il de mes données biométriques et de la photo que vous prenez avec votre téléphone ? »

Une question qui trouvera le rire du serveur qui répondra, sourire aux lèvres :

« Ça, c’est mon deuxième business. »

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