Il y a 7 ans, le 20 novembre 2017, le Maroc prenait une décision cruciale vis-à-vis des crypto-monnaies : un bannissement total. Aujourd’hui, le pays est revenu sur sa décision et compte même développer son activité autour des cryptoactifs.
L’Office des changes du Maroc bannit les crypto-monnaies
« L’Office des Changes souhaite informer le grand public que les transactions via des monnaies virtuelles constituent une infraction à la réglementation des changes, passible des sanctions et amendes prévues par les lois en vigueur », annonçait le régulateur Marocain, le 20 novembre 2017.
L’argument majeur de l’autorité de régulation tenait dans le fait que les systèmes de paiements « secrets » (comprenons, la blockchain et les paiements anonymes) ne reposent pas sur des institutions financières.
L’annonce n’était pas arrivée au hasard. En effet, quelque temps plus tôt, une entreprise du nom de MTDS, spécialisée dans la vente de noms de domaine, avait déclaré accepter le bitcoin (BTC) comme mode de paiement.
Si de nombreux acteurs du secteur s’étaient alors étonné de la décision du Maroc, la nature même des cryptos avait en réalité déclenché la réaction de l’Office des Changes. Pourtant, quelques années plus tard, les choses sont tout autres.
Novembre 2024, les cryptos sont à nouveau légales au Maroc
Bien malgré les interdictions, 7 ans d’interdiction ont mené à des dérives. Légalement, les crypto-monnaies sont illégales. Dans les faits, cependant, de nombreux habitants continuaient de les utiliser en contournant les restrictions.
Qu’à cela ne tienne, la Bank Al-Maghrib (BAM), soit la banque centrale marocaine, a annoncé, il y a 3 jours, un projet de loi visant à légaliser et réglementer les cryptoactifs.
Abdellatif Jouahri, le gouverneur de la BAM, souhaite réinstaurer les crypto-monnaies dans le paysage numérique et financier du pays. Inspiré par la montée en puissances des réglementations, la BAM cherche ainsi à s’inspirer de MiCA, la solution européenne de régulation des cryptoactifs.
Si le tournant s’avère décisif pour le pays, il est probable que celui-ci ait également été inspiré par les bénéfices récoltés au travers de l’usage des crypto-monnaies durant le tremblement de terre qui avait ravagé une partie du Maroc, il y a un an.
Des crypto-monnaies à une MNBC
Outre la légalisation des crypto-monnaies, le Maroc voit plus loin. La BAM voit également une opportunité pour créer une Monnaie de Banque Centrale (MDBC).
« En ce qui concerne les monnaies numériques des banques centrales, et comme de nombreux pays à travers le monde, nous explorons dans quelle mesure cette nouvelle forme de monnaie pourrait contribuer à la réalisation de certains objectifs de politique publique, en particulier en termes d’inclusion financière », déclarait Abdellatif Jouahri à Reuters.
Ainsi, la boucle est bouclée. Le Maroc ne voulait pas de crypto-monnaie en raison de l’absence de contrôle propre à ces dernières. Au travers d’une légalisation des cryptoactifs et d’une MDBC, il sera plus aisé, pour le pouvoir en place, de contrôler et de réguler les marchés.
Avec ses pour et ses contre, les monnaies centralisées échappent pourtant à une définition puriste de crypto-monnaies, et ce, dans leurs valeurs autant que dans la notion de liberté. Toutefois, il semblerait que ce soit le chemin emprunté par le Maroc, mais aussi par l’Europe qui, pour rappel, travaille à un projet d’euro numérique très semblable.
Sources : Reuters, Office des Changes du Maroc
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