Nike se retrouve en plein scandale après avoir fermé sa filiale NFT, RTFKT. Plusieurs investisseurs demandent 5 millions de dollars de dédommagements, dénonçant des pratiques commerciales trompeuses et une violation des lois sur la protection des consommateurs.
RTFKT : Nike poursuivi pour 5 millions de dollars
Un groupe d’investisseurs mené par Jagdeep Cheema a déposé une plainte fin avril contre Nike devant un tribunal fédéral de Brooklyn.
Ils accusent la marque d’avoir utilisé son image pour vendre des NFT en promettant implicitement des plus-values, tout en passant outre l’obligation d’enregistrement auprès de la SEC.
This really hits hard.
A community that once believed in and stood by the creators has now been completely abandoned by the same people they trusted.
I never aped into RTFKT but I remember the hype back in 2020/2021 was massive. They had everything going for them. pic.twitter.com/GWKgmINf38
— Kevin Bortas (@KevinBortas) April 25, 2025
Suite à la fermeture brutale de RTFKT par Nike, les NFT ont perdu toute utilité : plus d’échanges, plus de défis, plus de valeur.
Aussi, pour les plaignants, Nike n’a pas seulement arrêté un projet, elle a abandonné ses investisseurs sans préavis, leur laissant sur les bras des actifs numériques devenus invendables.
Quels sont les enjeux juridiques de cette affaire ?
Le cœur du dossier, c’est la question de savoir si les NFT de RTFKT doivent être vus comme des titres financiers. D’après la plainte, leur valeur dépendait des efforts marketing de Nike, ce qui les ferait tomber sous le coup du test Howey, utilisé pour identifier les valeurs mobilières aux États-Unis.
Pourtant, aucune décision fédérale n’a encore fixé la règle, et des acteurs comme OpenSea ont déjà pris les devants pour demander à la SEC d’exclure les NFT du périmètre boursier.
Par conséquent, face à cette incertitude, les investisseurs attaquent Nike en s’appuyant sur des lois de protection des consommateurs, sans attendre que la justice tranche sur la nature exacte des NFT.
Chute du marché NFT et désillusion des investisseurs
Le naufrage de RTFKT arrive dans un marché NFT en plein effondrement, avec des volumes de ventes divisés par trois en un an. Les CryptoKicks de Nike, qui s’échangeaient autour de 8 000 $ à leur lancement, ne valent plus qu’une quinzaine de dollars aujourd’hui.
L’arrêt des défis et des récompenses, éléments clés du projet, a tué l’intérêt pour ces actifs numériques. De plus, la fermeture de RTFKT n’a pas seulement tué la spéculation, elle a aussi anéanti l’utilité des NFT, renforçant la conviction que dans cet écosystème, tout repose sur la promesse continue d’engagement et d’évolution de l’expérience numérique.
De ce fait, en perdant cet écosystème, les acheteurs se sont retrouvés avec des objets virtuels devenus totalement illiquides et invendables.
Un revers pour l’image de marque de Nike ?
Pour une entreprise comme Nike, qui s’était positionnée en leader du Web3 avec le rachat de RTFKT en 2021, ce retrait précipité fait vraiment désordre dans sa stratégie d’innovation numérique.
L’abandon de la plateforme sans filet de sécurité pour les investisseurs passe mal, surtout quand on sait que la marque a profité des ventes initiales et secondaires des NFT avant de couper brutalement le projet.
Ainsi, le recours collectif parle d’enrichissement sans cause pour décrire cette opération où Nike aurait empoché les bénéfices en laissant les petits investisseurs encaisser les pertes.
Finalement, cette affaire rappelle que pour les grandes marques, se lancer dans les NFT ne suffit pas. Elles doivent aussi bâtir un écosystème durable, sinon le retour de bâton peut être sévère.
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Emmanuel Mounier
Expert en crypto-monnaie
