Finovate Europe : Rétropédalage et innovation contre-productive

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Si la première journée de Finovate Europe n’était finalement pas innovante, il fallait persister. Ni les retards matinaux de la Jubilee Line, ni le ciel menaçant n’ont semblé avoir eu raison des visiteurs, ce mercredi matin.

Une formule pleine de consistance

Quelques stands d’exposants semblent avoir changé depuis la veille. Certains ont disparu, remplacés par d’autres, alors que les sponsors subsistent. Une fois n’est pas coutume, la zone de networking est, cette fois, vide. Les bugs récurrents de l’application seraient-ils coupables ? Est-il possible que le message d’erreur qui apparaît à chaque tentative d’envoi d’un message ait découragé les intéressés ?

Dans la salle principale, les démonstration s’enchaînent à nouveau avant de laisser place à David Barton, de Grimley, introduit par Greg Palmer, comme hier. Intitulé de la présentation : « L’open banking a-t-il échoué en Europe ? »

D’après l’intervenant, non, pas du tout. Il défend cette position bec et ongles grâce à un argument imparable :

« Je ne pense pas que l’open banking ait échoué. Il y a une amélioration significative des solutions en Europe. »

L’idée de David Barton repose sur un élément essentiel et commun au monde de la crypto : il est urgent d’opter pour de nouvelles solutions de paiement. Les amateurs de crypto l’ont bien compris, et ce, depuis plusieurs années déjà.

Les solutions de paiement en crypto, ce n’est pas ce qui manque. Presque chaque semaine, une nouvelle start-up propose des paiements via une collatéralisation de ses tokens.

La banque comme remède à la banque

Tout comme hier, les applaudissements à l’entrée des intervenants sont tout bonnement prohibés par Greg Palmer qui semble y voir une perte de temps. C’est donc sans bruits que ces derniers font leur entrée sur scène, dans un calme gênant et malaisant. Heureusement, il est autorisé d’applaudir lorsqu’ils partent.

C’est donc dans un silence religieux qu’arrive Suraya Randawa qui s’apprête à évoquer l’inclusion financière.

Elle part d’un constat simple selon lequel la demande de crédits est en hausse constante. Toutefois, les individus sont en recherche de solutions retraite, épargne et investissement. Seul hic, plus de 30 % des titulaires d’un compte en banque ont horreur des banques.

L’experte et analyste de Curinos propose alors une solution révolutionnaire, s’il en est : offrir des opportunités d’investissement, notamment via l’épargne et l’investissement automatique.

Peut-être la Fintech a-t-elle pour habitude de vivre dans le passé. Cependant, il est bon de rappeler que de nombreuses banques proposent déjà ces offres, et ce, depuis de nombreuses années déjà. Mieux encore, il existe déjà une solution pour celles et ceux qui n’aiment pas les banques : les crypto-monnaies.

Néanmoins, ici, c’est « différent, puisqu’il s’agit d’intégrer l’IA dans le process ».

Le mot magique est sorti. Rien ne va plus.

Finovate : la nostalgie des années 2000

Alors que les présentations, les démonstrations et les amuse-gueules s’enchaînent, l’euphorie est à son comble quand vient la présentation d’Alibaba, la solution cloud.

Graphiques, vidéos restaurées par IA et données de croissances ont eu raison d’un public qui n’attendait plus que ça.

La représentante appuiera d’ailleurs sur l’aspect humain de l’entreprise chinoise qui a « édité le premier livre photo pour les enfants autistes » et « est la première à proposer l’envoi d’un questionnaires aux personnes âgées afin de détecter les prémices de la maladie d’Alzheimer. »

L’histoire se répète depuis hier. Surtout quand on sait qu’un test intitulé « miniscore MMS » existe déjà depuis plusieurs dizaines d’années, et est pratiqué par tous les services de gériatrie au monde.

Où sont les 3 000 personnes annoncées ?

La salle principale où se déroule le plus gros du spectacle peut contenir environ 600 personnes. Finovate Europe, de son côté, annonce attendre « plus de 3 000 visiteurs ». Cependant, les chiffres ne sont pas bons.

Pendant les temps les plus forts de la journée, la salle principale était remplie à moitié : 300 personnes approximativement. C’était sans compter sur le Power Panel.

Le Power Panel réunissait plusieurs experts de la régulation anti-fraude. Un sujet qui se voulait initialement intéressant, mais qui, pourtant, n’aura réussi à gagner que le désintérêt du public. En cause, des discours qui tournent en rond.

Les idées sont les mêmes d’un intervenant à l’autre : la régulation coûte cher ; la technologie progresse très vite ; il est difficile de s’adapter.

L’audience perd soudainement plusieurs dizaines de personnes.

À nouveau : la régulation coûte cher et la technologie progresse vite. Il est donc difficile de s’adapter.

Un autre paquet de visiteurs quitte la salle.

De 300 personnes environ, il y a quelques minutes, la salle ne compte maintenant plus qu’exactement 118 personnes.

Un ticket à 3 000€ pour 2 jours de nostalgie ?

Au total, le ticket d’entrée pour Finovate Europe était de 2 499£, soit un peu plus de 3 000€. La déception a dû être forte du côté des visiteurs, notamment face à certains intervenants qui ne faisaient finalement que lire un texte préparé par avance.

Le contraste est important avec les événements crypto. Il y a quelques semaines, CryptoXR accueillait bel et bien plusieurs milliers de personnes, à un prix bien plus abordable, et proposait une vraie dose d’innovation.

Ici, les discussions se font en mots-clés : business ; réponse légale ; fraude ; temps-réel ; frictions ; clients, etc.

Pas un mot sur la blockchain. Pas un mot sur les cryptos. Pas un mot sur la révolution du Web3. Ces gens comprennent-ils seulement ce qu’est la blockchain, et à quoi elle pourrait servir ?

Si la FinTech est un secteur qui se veut, à l’unanimité, prometteur et innovant, force est de constater que l’innovation n’était pas non plus présente en ce deuxième jour.

La pluie tombe sur Greenwich. Il est midi et déjà, de nombreux visiteurs munis de leur badge en papier sont partis. De la même manière qu’hier les costards et les cravates défilaient depuis la station de métro, aujourd’hui, les parapluie courent dans la direction opposée. L’Intercontinental 02 n’était pas plein, mais il sera vide avant la fin de la journée.

Sources : Finovate Europe

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