On sait depuis un moment que les ordinateurs quantiques allaient finir par poser problème à la cryptographie. Sauf que Google vient de publier une étude qui change la donne.
En effet, casser la sécurité qui protège le monde du numérique, et notamment le Bitcoin, pourrait arriver bien plus vite que prévu. Ce raccourcissement brutal de l’échéance oblige l’écosystème crypto à reconsidérer son calendrier de transition vers des infrastructures post-quantiques.
La technologie des ordinateurs quantiques progresse plus vite que prévu
En 2019, casser une clé RSA de 2048 bits avec un ordi quantique, demandait l’usage d’une machine de 20 millions de qubits. Aujourd’hui, selon Craig Gidney de chez Google, il en suffirait de moins d’un million pour arriver au même résultat en moins d’une semaine.
I'm often asked if I'll redo the 2019 quantum factoring estimate. Denser storage by yokes, smaller magic factories by cultivation, slimmer approx arithmetic by Chevignard et al… surely the cost is lower now?
Yes, it's lower now.https://t.co/yZGrKETInFhttps://t.co/1OROIX3kab pic.twitter.com/HujC34ywd0
— Craig Gidney (@CraigGidney) May 23, 2025
Ce saut technologique vient d’améliorations sur plusieurs fronts. L’appareil disposerait d’algorithmes plus rapides en plus de subir des corrections d’erreurs plus fines, et l’usage des techniques comme la “culture d’états magiques” qui optimisent l’usage des ressources quantiques.
Les machines actuelles sont encore loin du compte (IBM plafonne à 1 121 qubits avec son appareil Condor), mais les objectifs industriels sont clairs.
IBM vise les 100 000 qubits d’ici à 2033, tandis que Quantinuum, une entreprise d’informatique quantique, parle de proposer des ordinateurs tolérants aux pannes avant 2030. On n’a peut-être pas encore l’arme, mais le chemin pour l’obtenir est tout droit.
La vulnérabilité structurelle de la cryptographie à courbe elliptique
Le Bitcoin repose sur la cryptographie à courbe elliptique (ECC), censée garantir que personne ne puisse retrouver une clé privée à partir d’une clé publique.
Le problème, c’est que l’algorithme de Shor, tournant sur une machine quantique suffisamment puissante, peut résoudre ce genre de calcul en un temps très court.
Et vu que chaque transaction sur la blockchain révèle une clé publique, tout est déjà là, accessible, archivé. Le vrai danger, c’est que les données du passé ne sont pas à l’abri.
Le jour où un acteur dispose des ressources nécessaires, il peut revenir en arrière et débloquer n’importe quel portefeuille, peu importe sa date d’activité.
Sécurité numérique en tension : Accélération de la menace et premières réponses du marché
Depuis la publication de Google, les signaux d’alerte s’accumulent. Ce qui était un problème théorique devient une priorité stratégique. Solana expérimente déjà des signatures post-quantiques, Vitalik Buterin évoque l’idée d’un fork sécurisé pour Ethereum et Google elle-même a intégré des protections post-quantiques dans son trafic interne avec ML-KEM.
Et maintenant, même les géants de la finance s’en mêlent. BlackRock, le plus gros gestionnaire d’actifs au monde, a discrètement ajouté l’informatique quantique comme un risque explicite dans les documents de son ETF Bitcoin.
Ils préviennent que si la technologie évolue trop vite, des portefeuilles entiers, y compris ceux d’institutions pourraient être piratés.
Vers un risque systémique
Mais le Bitcoin est juste la partie visible de l’iceberg. En réalité, les technologies RSA et ECC sont partout (paiements, e-mails, VPN, communications bancaires). Ils reposent tous sur des mathématiques que les ordinateurs quantiques peuvent casser.
Et le pire, c’est que ces attaques peuvent être différées. Les données chiffrées aujourd’hui peuvent être stockées et déverrouillées plus tard.
Aussi, les acteurs malveillants n’ont qu’à attendre que la technologie soit prête. Si la transition vers des standards post-quantiques ne s’accélère pas maintenant, on risque de voir un effondrement en cascade des protections numériques qu’on croyait solides. Le temps de se préparer est compté, et cette fois, il n’y aura pas de retour en arrière.
Sur le même sujet :
- La famille Trump mise sur le Bitcoin : Un plan d’investissement de 3 milliards de dollars en préparation
- XRP en retrait : les institutions misent désormais sur SOL et ADA
- Prix de XRP : vers 500 $ grâce au projet immobilier de 16 milliards $ à Dubaï ?
Partager
Emmanuel Mounier
Expert en crypto-monnaie
