L’utilisation d’un mixeur de transactions sur Bitcoin connaît une augmentation significative depuis deux ans environ. Derrière ces transactions pourraient se cacher des whales d’un nouveau genre…
Comment fonctionnent les mixeurs de transactions ?
Bien que Bitcoin soit pseudonyme, ce qui veut dire qu’il n’est pas possible d’identifier personnellement les acteurs, il est par contre, très simple de tracer leurs transactions. C’est un livre ouvert, un registre qui dit que l’adresse de X a envoyé 1 Bitcoin à Y.
À partir du moment où X peut être relié à une personne, une entité, une entreprise ou autre, vous pouvez connaître tout de ses transactions. C’est pour cela que des outils existent pour brouiller cela, un en particulier sur Bitcoin, “CoinJoin” nous intéresse.
En quelques mots, CoinJoin fonctionne en combinant plusieurs transactions d’utilisateurs. Au lieu de voir plusieurs transactions séparées et indépendantes, tout est combiné. Cela permet de rompre la chaîne de traçabilité, car vous ne savez pas qui a envoyé combien et à qui. L’opération peut être effectuée plusieurs fois avec de nouveaux portefeuilles pour ajouter de multiples couches de sécurité.
Malheureusement, ces outils posent des défis aux autorités, mais c’est un autre débat.
L’accumulation derrière l’augmentation de CoinJoin
Durant les deux années écoulées, les transactions privées ont connu une augmentation considérable, triplant selon un rapport de CryptoQuant. Cette augmentation est directement liée à des whales, ces gros détenteurs de Bitcoin qui en transfèrent plusieurs milliers. Cela est étroitement lié avec l’arrivée des institutions et de la conséquence des ETF et autres inflows.
Selon Ki Young Ju, PDG de CryptoQuant, ces baleines semblent identifiées comme étant liées aux ETF, à MicroStrategy et aux gros portefeuilles de gestion. Il apparaît que ces acteurs se tournent de plus en plus vers des outils axés sur la protection de la vie privée comme CoinJoin. Dans un post sur X de la part de Young Ju publié le 26 décembre, il étaye ses propos avec un graphique.
Whales are accumulating #Bitcoin through privacy transactions.
Over the past two years, the annual average number of CoinJoin transactions has tripled. While some attribute this surge to hackers laundering stolen funds, Chainalysis reports total hacking losses of $2.2 billion… pic.twitter.com/8Uex48UtWf
— Ki Young Ju (@ki_young_ju) December 26, 2024
Il nous explique que ces gros détenteurs utilisent fréquemment et de plus en plus les services de confidentialité pour obscurcir leurs transferts. En particulier lorsqu’ils transfèrent des fonds à des investisseurs institutionnels. De plus, le coût de 0.3 % pour ce service, c’est un faible prix pour disparaître des radars.
CoinJoin en améliorant la confidentialité des transactions met en commun toutes les transactions dans le même panier. Comme dit plus haut, cela peut inclure du blanchiment d’argent ou d’autres activités illicites. Cependant, Young Ju a contré ce fait en disant que seulement 0.5 % des 377 milliards de capitaux entrés sur Bitcoin en 2024 étaient d’origine criminelle.
Des institutions derrière ces transactions ?
L’augmentation des transactions privées correspond à l’appétit des institutions. Vous pouvez parfaitement consulter les avoirs de Bitcoin des acteurs connus comme les ETF ou MicroStrategy. Pourtant, cela ne veut pas dire que nous savons tout et qu’ils ne dissimulent rien.
Young Ju a mis en évidence dans son post un sous-ensemble intrigant. Environ 420 000 Bitcoins semblent être détenu par des baleines non identifiées. Cette interrogation de Young Ju suscite des spéculations sous son post. Des spécialistes de la communauté crypto théorisent suite à ces analyses.
Discreet accumulation for strategic Bitcoin reserves?
— Andrew B. | A Cryptonaut (@acryptonaut) December 26, 2024
Ces transactions suspectes alimentent beaucoup la spéculation autour des potentielles réserves stratégiques des états.
De plus, la Russie aussi qui en autorisant récemment les paiement en crypto transfrontalier ajoute aux spéculations. Si un jour, il s’avère qu’ils sont liés à ces montants et ces transactions, cela pourrait signifier un gros changement de paradigme.
Les gouvernements ouvertement anti-crypto se retrouveront bientôt à en faire une de leurs principales réserves au même titre que l’or. Mais aussi, pour des paiements qu’ils préfèrent garder secrets aux yeux des autres gouvernements.
Quoi qu’il en soit, il est impossible d’identifier pour le moment ses acteurs tant qu’ils choisissent de rester dans l’ombre. Des annonces prochaines pourraient éclairer et stopper les spéculations…
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Romaric Saint Aubert
Journaliste
