Matthieu Merchadou Melki est un ancien courtier en bourse dans le NASDAQ qui s’est ensuite orienté dans l’immobilier en 2003. Il a alors créé sa propre société d’asset management par la suite.
Entre Paris et Miami, il a développé cette grosse expérience dans l’immobilier et l’entrepreneuriat et se lance désormais dans la blockchain avec son nouveau projet : Magma.
En somme, ils utilisent la blockchain comme un notaire et une banque pour enregistrer les données pour, ultérieurement, mettre à disposition toutes les informations des propriétés.
Il a commencé avec un projet ambitieux pour transformer la ville de Miami grâce à cette nouvelle technologie qui l’a “fasciné”. Ce projet était nommé Miami Beta City, la première ville à expérimenter la modélisation en 3D de tous les immeubles.
À l’avant-garde du metavers “réel”, ils ont écrit du départ un projet pour créer une infrastructure numérique publique et privée pour l’immobilier. C’est ainsi que Magma est né.
Découvrez Magma, ce qu’ils proposent, ce qu’est un Digital Twin Token (DTT) ou encore en quoi ils sont bien différents des autres projets de tokenisation de l’immobilier :
Comment est né Magma ?
Après ce projet à Miami (Miami Beta City), ils nous ont décerné les clefs de la ville à Miami en 2018. C’est ce qui a donné lieu à la création de Magma. En somme, c’est une plateforme qui te permet de créer un actif digital dans la blockchain en utilisant un jumeau digital d’un immeuble.
Nous avons créé cette solution qui permet de déployer, avec n’importe quel immeuble, un actif digital dans la blockchain à travers un smart contract à travers un actif qu’on appelle le Digital Twin Token (DTT).
Tu vas donc déployer cet actif et, tout au long de la vie de l’actif, tu vas enregistrer tout ce qui se passe au fur et à mesure et tu vas valider ces données.
Et ensuite, tu vas pouvoir mettre ses données à disposition des différentes parties prenantes de l’immeuble. Pourquoi pas de la ville ou des compagnies d’assurance, des gens qui ont besoin de ces données pour faire leur travail.
Peux-tu m’expliquer plus en détail ce qu’est un DTT ?
Les DTT, c’est l’enregistrement dans la blockchain des données du digital twin.
Un digital twin, c’est d’abord la collecte de toute la data room de l’immeuble. Cela correspond à toutes les données financières : les contrats de presse si on a le titre de propriété, tous les éléments financiers de l’immeuble. Et les éléments techniques, donc tous les contrats, les fiches techniques, etc… Tout d’abord, tu as toute la documentation de l’immeuble enregistrée.
Et ensuite, tu as une représentation en trois dimensions d’immeuble. C’est une copie 3D de ton immeuble.
Parfois, on les utilise souvent pour faire des visites virtuelles. Nous utilisons cela et nous mettons ça à disposition des gens pour qu’ils puissent enregistrer leurs données dedans. Si bien que quand tu cliqueras sur une fenêtre, par exemple, tu vas voir la taille, le poids, de quoi elle est faite, si elle a été cassée, le jour où elle a été cassée, etc..
Au lieu d’avoir maintenant les données dans des fichiers, désormais, c’est intuitif, tu vas dans l’immeuble et tu cliques sur l’objet et tu as l’information qui sort.
En quoi êtes-vous différent d’un autre projet comme RealT ?
La plupart des solutions, comme RealT, tokenisent la société qui possède l’immeuble. Ils tokenisent les parts de la société et non vraiment l’immeuble.
Nous, nous tokenisons le jumeau digital, donc vraiment la copie de l’immeuble et de ce qu’il y a dedans. Mais nous sommes très compatibles avec ces projets comme RealT, car ils s’occupent de la tokenisation de la partie financière et nous du bâtiment.
En se connectant à nous, ils offrent à leur client une transparence complète sur le bâtiment. Ils pourront voir si la maintenance est bien faite, qui est le locataire, si la société est bien enregistrée, etc.. Nous sommes la base de données.
Comment l’utilisateur utilise votre plateforme ?
Le propriétaire va enregistrer son immeuble, puis inviter ses parties prenantes et ses prestataires à s’enregistrer et à se connecter à l’immeuble via des wallets que nous créons pour l’immeuble et les parties prenantes. Nous pouvons nous connecter aux différents systèmes de l’immeuble via notre SDK et Api.
Ensuite, un jumeau 3D peut être créé à partir de plans CAD. Une fois le jumeau créé, nous pouvons commencer à enregistrer les données au même endroit et les connecter au jumeau. Les données ne sont partagées que sur permission et très sécurisées. Nous n’utilisons la blockchain que pour horodater et enregistrer les auteurs des données et pour récompenser les contributeurs.
L’immobilier est très peu digitalisé, il s’agit donc de récupérer les données et de les valider dans un premier temps, puis de les mettre à jour au fil du temps en “mintant’ l’actif digital dès que l’état d’un objet ou d’une action est validé par au moins 2 parties.
Ensuite, grâce aux points de données collectées, nous répondons aux nouvelles obligations des propriétaires en termes de développement durable et de contrôle des consommations énergétiques.
L’utilisateur aura donc une meilleure connaissance de son actif, une unification des données ainsi qu’une optimisation opérationnelle.
Notre actif digital est également monétisable, car le propriétaire peut maintenant vendre son DTT contenant toutes les données de l’immeuble, évitant la perte de données lors du transfert de propriété.
Sur quelle blockchain êtes-vous ?
Nous sommes sur VeChain, un fork d’Ethereum. Parce qu’elle est très sécurisée, très axée sur le développement durable. Ils ont un système reward qui permet de récompenser les comportements vertueux dans le cadre des immeubles, ils ont une approche verte. Et surtout, le protocole de validation est très peu coûteux en énergie.
Mais nous sommes une blockchain agnostique, nous pouvons déployer le DTT sur n’importe quelle blockchain EVM.
Comment as-tu découvert la crypto ?
J’avais un ami qui minait le Bitcoin et qui avait besoin de fonds. Il m’a expliqué le Bitcoin et je n’ai rien compris. Avec mon associé, nous n’avons pas compris, mais je me suis mis à creuser et à m’y intéresser. Et quand j’ai appliqué ça à l’immobilier et surtout au token jumeau, j’ai compris que ça allait tout changer.
Dans l’immobilier, tous les acteurs ont des bases de données différentes sur le même actif et tu ne sais pas si les données sont vraies et sécurisées. La blockchain utilisée comme notaire permet donc de certifier et de sécuriser les données et en plus de créer un actif qui peut être vendu. Quand j’ai compris cela, je me suis dit que le marché immobilier allait être totalement changé.
J’ai donc même créé la fondation avec le maire de la ville de Miami, la “Florida Blockchain Fondation”. Pendant un an, nous avons organisé des workshops tous les mois pour éduquer sur la technologie. Et depuis, c’est ma passion, je suis imprégné de cette culture. J’ai envie de faire de cette culture de l’actif numérique une norme.
Comment a été développé magma d’un point de vue technique ?
La partie décentralisation se fera par étape. Pour le moment, les données sont encore dans un cloud centralisé et on les relie à la blockchain grâce à des hashings.
Nous avons trois layers :
- une couche d’enregistrement
- Une couche de création des actifs digitaux où l’objet et les metadatas sont validées.
- une couche de partage où on met à disposition toutes les données.
C’est quoi le futur de ces actifs DTT ?
Selon moi, c’est la prochaine frontière pour la civilisation en général. C’est de pouvoir avoir une copie numérique du monde réel. Dans lequel on peut faire des tests, des expérimentations, faire travailler des algorithmes. Toutes sortes d’expérimentations.
Par exemple, si tu veux refaire un immeuble, tu auras deux ou trois architectes qui vont te proposer un projet. Avec ces DTT et la blockchain, tout le monde peut participer. Au lieu de 3 propositions, tu peux en avoir 10 000. Donc ça crée de nouvelles compétences, de nouveaux métiers.
Tout repose sur des données fiables. Donc, le futur des DTT, c’est cet espace partagé qui va pouvoir aider les villes, à savoir ce qui se passe dans leurs immeubles.
Et pour la sécurité de ces données ?
Toutes les informations utilisent un hash, une encryption. Ensuite, pour les données, on peut utiliser le mécanisme du Zero Knowledge Proof.
Mais on a surtout développé un protocole de validation et de permission. On a identifié dans un immeuble 8 parties prenantes et une trentaine de catégories, de l’électricien à l’avocat ou l’architecte.
En fonction de leur rôle et de qui ils sont, ils ont le droit d’accéder à certaines informations. Tout n’est pas ouvert à n’importe quelles données. Si tu es property manager, tu as accès aux équipements de l’immeuble, mais pas aux informations financières du propriétaire.
Nous avons créé ce système de permission d’accès aux données. Tu transformes ton immeuble en banque de données.
Comment éduquez-vous ce milieu de l’immobilier ?
Pendant longtemps, nous évitions de parler de la blockchain. Nous parlons d’enregistrement sécurisé des données, par exemple. Pour éviter de perdre les gens.
Surtout dans l’immobilier, qui est un des secteurs les moins digitalisés. Mais ils ont une obligation de se digitaliser. Comme il y a eu l’e-commerce, il y a la digitalisation de l’immobilier.
Où voulez-vous travailler en priorité ?
𝘛𝘩𝘦 𝘞𝘢𝘪𝘵 𝘪𝘴 𝘖𝘷𝘦𝘳 – 𝗠𝗮𝗴𝗺𝗮 𝗨𝗔𝗘 𝗶𝘀 𝗟𝗮𝘂𝗻𝗰𝗵𝗶𝗻𝗴! 🇦🇪
Get ready to experience the future of #realestate 🏢⛓️
We’re thrilled to announce that 𝗠𝗮𝗴𝗺𝗮 𝗨𝗔𝗘 will officially launch during 𝗗𝘂𝗯𝗮𝗶 𝗧𝗲𝗰𝗵 𝗧𝘂𝗲𝘀𝗱𝗮𝘆𝘀 𝗡𝗼𝟮𝟮 𝗼𝗻… pic.twitter.com/Q0zNK6mx7d— MAGMA – Real Estate Agility (@magmarealestate) November 13, 2024
Nous nous déployons dans 3 zones géographiques : Paris, Miami et Dubai les deux dernières étant les plus ouvertes à notre approche.
Au niveau de la régulation, dans quelle juridiction se situent les DTT ?
Nous sommes un pur utility token, pas une security. Nous ne vendons pas l’actif de manière fractionnée. Nous agrégeons les données de l’immeuble.
Nous sommes un NTF dynamique. S’il se vend, il se vend avec un immeuble. Nous ne sommes pas un actif à spéculation comme le peuvent être les Bored Ape NFT.
C’est quoi le futur de MAgma ?
Nous allons avoir une version complète de la plateforme dans les 4 prochains mois. Nous allons fournir un viewer 3D pour recueillir différents formats 3D et nous allons les convertir en format universel.
Nous avons un partenariat avec une société leader du marché des jumeaux qui va nous fournir des suites de software pour la performance énergétique des immeubles, pour faire baisser les consommations. Mais aussi pour gérer la maintenance des immeubles. Nous intégrons aussi un module IA pour lire toutes les données comme les factures, les baux, les images…
Et nous lançons aussi le token Magma pour financer notre développement et faire tourner l’écosystème dans les prochains mois. Il servira à financer la création des DTT. Nous créerons leur digital twin. Il y aura ensuite un système de reward. Par exemple, si tu apportes des informations, tu reçois des récompenses sous forme de token que tu pourras utiliser par la suite.
Nous aurons une marketplace. Quand ils utiliseront Magma, ils auront un wallet et pourront interagir avec ces tokens et les immeubles.
Peux-tu me parler de votre indice Magma ?
C’est un indice qui permet de mesurer la qualité des données, son niveau de détail et son test pour les critères ESG. C’est un label de qualité.
Dans le système, tu es soit uploadeur, soit validateur. Un validateur peut valider la qualité de la donnée. Plus la donnée est validée par plusieurs personnes, plus l’indice est élevé.
Nous avons déjà levé 2,2 millions pour la plateforme. Et puis nous lèverons à nouveau grâce au token et plus tard, faire une série A.
Quelle est ta vision pour la tokenisation de l’immobilier ?
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L’immobilier va connaître une transformation radicale. Les propriétaires ont désormais obligation d’avoir ces données et de les transmettre. Le jumeau, c’est ce qui unifie toutes les données.
Au même titre qu’un immeuble a une adresse physique unique, il aura une adresse digitale unique et cela passera par ce jumeau digital.
L’immobilier, c’est 350 trillions de dollars. Si 1% est tokenisé, c’est 3,5 trillions et plus que toute la crypto en termes de market cap.
Il y a beaucoup à faire pour éduquer, pour relancer l’économie sur cette technologie. Je pense que si les gouvernements et les citoyens comprennent cela et prennent cela en main, nous avons un boulevard avec cette transformation de l’immobilier.
Nous sommes un peu en train de réaliser notre rêve en travaillant avec la ville de Miami sur la création d’une dizaine d’immeubles avec l’université de Miami. En janvier, nous faisons un summit sur la transformation de l’immobilier pendant la Blockchain Week.
Ce que l’on aimerait, c’est de tokeniser directement un titre en propriété on-chain. Nous aimerions que tout soit fait on-chain. Pour entrer dans un monde transparent et sécurisé.”
Conclusion
En effet, le marché de l’immobilier est encore plus de 300 fois plus grand que le Bitcoin. À l’image du marché du diamant ou d’autres secteurs très “anciens”, le marché de l’immobilier est encore très “à l’ancienne” et nécessite une digitalisation et un renouveau.
La tokenisation et surtout les RWA ont été un sujet très chaud, surtout depuis l’investissement de BlackRock dans ce secteur. Et le secteur de l’immobilier a été l’un des premiers à être touché par cette nouvelle technologie.
De nombreux projets ont alors développé leur plateforme de tokenisation de biens immobiliers. Cependant, Magma fait ce dont tout le monde a besoin, mais que peu ont réalisé actuellement.
Magma est donc la base de données qui a le pouvoir de véritablement le secteur de l’immobilier. Une infrastructure qui fait peau neuve au secteur immobilier vieillissant. Tandis que les projets RWA apportent généralement un aspect financier.
Avec Magma, tout le monde est gagnant, des villes, des gouvernements, des propriétaires jusqu’aux acheteurs.
Source : Interview de Matthieu Merchadou Melki, CEO de Magma.
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Charles Ledoux
