Bitcoin en a fait, du chemin, sur les 15 dernières années. En 2017, Pascal Ordonneau, secrétaire général de l’Institut de l’Iconomie, affirmait avec certitude que Bitcoin n’était « que du vent ». En 2024, il semblerait pourtant que Bitcoin soit le « vent » le plus cher au monde.
Bitcoin n’est « plus aux mains des individus », selon Pascal Ordonneau
En 2017, Pascal Ordonneau expliquait, dans Les Échos, que Bitcoin n’était que du vent. Il expliquait qu’il fallait toutefois différencier Bitcoin, de l’Ether et du Litecoin.
En effet, pour l’économiste, Bitcoin n’est plus aux mains des individus :
« Pourquoi s’en prendre au bitcoin et pas l’Ether, le Litecoin et les autres coins ? Cela tient à ce que cette « crypto-monnaie » n’est plus aux mains de ces « inventeurs », de gens qui creusent et imaginent de nouvelles formes de gestion des entreprises et des relations entre les individus. Elle est entre les mains de gens qui ont envie de faire du fric », écrit-il pour Les Échos.
Nul besoin de tirer sur l’ambulance. Il est vrai que Bitcoin a diversifié son audience. Si une part est convaincue du progrès technologique indéniable de l’or digital, une majeure partie du marché ne recherche principalement que la spéculation. La tech aura fini par rencontrer la finance, pour le meilleur et pour le pire.
Il ajoute qu’il s’agit « de faire de bons placements », plutôt que de participer à une révolution technologique, de nos jours.
Cependant, le discours tend à battre de l’aile dès lors que Pascal Ordonneau déclare, non sans une pointe d’ironie :
« Pendant que quelques milliers d’allumés débattaient de la « fork », quelques dizaines de milliers d’investisseurs rêvaient d’un bitcoin à 25 000, à 50 000 ! »
Un bitcoin à 25,000, 50,000. Irréaliste, n’est-ce pas ?
Aujourd’hui, le BTC affiche une valeur marchande de 65,562$ (58,751€) selon les données de CoinMarketCap.
Entre l’or et Bitcoin
Le problème de l’économiste, c’est que Bitcoin n’a aucun actif sous-jacent. Une action, par exemple, est adossée à la valeur de l’entreprise. Toutefois, que penser de l’or ? À quoi est réellement adossée la valeur de l’or sinon à sa rareté ?
S’ensuit alors une explication comparative entre Bitcoin et l’or. Selon le secrétaire général, l’or est « traité chimiquement et portée à un titrage qui devra être maintenu par des moyens techniques sophistiqués et maitrisés depuis la plus haute antiquité. Donc, le sous-jacent du bitcoin, martèle-t-on, est identique au sous-jacent de l’or monétaire. C’est une duperie. »
L’économiste affirme que l’or, à l’inverse du bitcoin (BTC) ne peut être transformé pour en faire des bijoux. Pourtant, le BTC représente aujourd’hui une très bonne valeur de réserve, mais aussi un moyen d’échange signifiant. De nos jours, on dénombre environ 106 millions de détenteurs de bitcoin, 400,000 utilisateurs quotidiens, et 200 millions wallets Bitcoin.
Le Bitcoin n’est pas non plus une monnaie d’échange
La question de l’utilisation de Bitcoin pour acheter et vendre des biens et des services ne se pose qu’à peine, pour l’économiste. La différence majeure, selon lui, réside dans le cours légal.
L’argument fait pourtant défaut, ici. Pascal Ordnonneau évoque ce qui, selon lui, représente l’argument pro-Bitcoin :
« Une convention scientifiquement fondée sur des algorithmes, des calculs scientifiques moulinés par des centaines, voire des milliers d’ordinateurs indépendamment de toute intervention humaine vaut mieux que ces conventions entre agents politiques et économiques qui ne savent qu’agir en fonction de leurs intérêts au détriment de la grande majorité. »
Il aurait pourtant suffi de lire le whitepaper de Bitcoin afin de comprendre que la crypto mère ne cherche qu’à s’imposer qu’en tant qu’alternative à un système qui ne semble, malheureusement, plus fonctionner aussi bien qu’avant.
Quid du discours de Pascal Ordonneau en 2024 ?
Le point de vue du secrétaire général avait sa part de vérité, il y a 7 ans. Cependant, force est de constater qu’il ne subsiste qu’une faible part de réalité dans ces mots.
Les ETF Bitcoin, l’adoption grandissante, la démocratisation des technologies blockchain et les efforts d’éducation ont changé la donne.
De nos jours, les plus grands groupes bancaires investissent dans Bitcoin. La campagne présidentielle américaine se joue autour de Bitcoin. L’Europe est en train de proposer des textes afin de mieux réguler le bitcoin (BTC) et d’autres cryptoactifs. Mieux, l’arrivée de Bitcoin a permis de créer les stablecoins, une classe d’actifs largement appréciée à l’échelle internationale.
Ainsi donc, et même si les économistes ne semblent pas s’accorder autour de la question de Bitcoin, les chiffres parlent d’eux-mêmes.
Sans tomber dans la dérive ni dans l’extrémisme, il est évident que Bitcoin s’impose de plus en plus comme une alternative plausible aux monnaies fiduciaires, mais aussi à certains métaux précieux, à l’instar de l’argent.
En conclusion, le discours de Pascal Ordonneau ne tient plus réellement la route, de nos jours. En 2024, Bitcoin est bien plus que « du vent ».
Sources : Les Échos, BuyBitcoinWorldwide
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