À l’ère du numérique, la question de l’identité numérique fait débat. Si les documents d’identité traditionnels persistent, l’avis des experts du Web3 ne va pas dans la même direction. Cependant, la décentralisation totale est-elle possible et réellement sûre ?
Digitaliser l’identité grâce à la blockchain
En termes d’identité, les abus sont nombreux. Outre les multiples possibilités pour falsifier et subtiliser l’identité d’un tiers, le problème est en réalité plus important.
Les acteurs majeurs de l’industrie actuelle, à l’instar de Google ou de Meta – groupe qui détient notamment Facebook, Instagram, WhatsApp et Thread – fragmentent notre identité en ligne et la détiennent.
Noms, prénoms, réputation, préférences, la liste des éléments caractéristiques d’un individu détenue par les grands groupes est longue.
Sans tomber dans la paranoïa, force est de constater que la situation actuelle en termes d’identité digitale n’est pas exactement saine.
Le mythe de la décentralisation
Humanity Protocol, dont nous rencontrions le CEO, il y a quelques mois, a proposé une idée intéressante, cette après-midi, pendant le Zebu Live, à Londres.
Les internautes pourront bientôt prouver qu’ils sont humains via un scan de la paume de leur main.
Cette après-midi, plusieurs experts mettaient en garde face aux pratiques de Worldcoin qui, sous couvert de proposer quelque chose de similaire, centralise finalement les données des utilisateurs
« Quand on voit ce que fait Worldcoin, on ne peut pas être d’accord. Le projet paye des individus qui vivent dans des pays en voie de développement pour collecter leurs données. En regardant les données, on se rend compte que les endroits où Worldcoin a le mieux marché, c’est dans les pays où les gens ont le plus besoin d’argent », explique Fraser Edwards Cofondateur et CEO de cheqd.
La seconde question qui se pose concerne la décentralisation elle-même. Une décentralisation totale de l’information est-elle possible ?
Pour le Dr. Nick Almond, professeur de physiques, présent hier au Zebu Live, pas vraiment :
« La décentralisation est un idéal vers lequel tendre. Pour l’heure, même via les DAOs, il est très difficile d’arriver à un état structurel proche d’une décentralisation complète. […] Le principe selon lequel 1 token = 1 token, c’est la définition même de la ploutocratie. », a-t-il déclaré.
Un mariage toxique ?
Les solutions se multiplient alors, à l’instar de nombreuses DAOs et de projets similaires à celui de Humanity Protocol. Cependant, la problématique ne se résout qu’à petits pas.
Dans les faits, décentraliser les données permet effectivement d’éviter qu’une entité ne leur mette la main dessus. Les progrès réalisés via la technologie ZK (Zero Knwoledge) permettent effectivement de laisser rêveur. Néanmoins, en pratique, le secteur manque tout simplement d’utilisateurs.
« Il n’y a pas réellement de limites à l’infrastructure, mais nous manquons d’utilisateurs. Nous avons besoins davantage d’utilisateurs au travers davantage d’applications », explique Fraser Edwards.
De la place pour le progrès pour tendre vers un idéal
On l’aura compris, l’identité digitale parfaite, ce n’est pas pour demain. Pour João Machado, Head of Growth a Humanity Protocol, il faut commencer par différencier l’Homme de la machine :
« Nous vivons à une époque où il devient de plus en plus difficile de faire la différence entre une IA et un être humain. Nous devrions pouvoir vérifier cette différence de manière simple », déclare-t-il.
De son côté, Eva Lawrence, Head of EMEA à Figment, c’est l’infrastructure qui permet d’attirer davantage d’utilisateurs et leur confiance :
« Une infrastructure devrait être testée et mise à l’épreuve avant d’être proposée. Il faut s’attarder sur la sécurité du produit, les personnes derrière le projet et les performances de ce dernier », a-t-elle expliqué.
Quid de la DePin ?
En réponse à une question, Fraser Edwards a tenu à mettre en lumière les possibilité du secteur DePin dans l’identité digitale sur la blockchain, notamment au travers de la réputation décentralisée. Néanmoins, il met également en garde face aux abus, à l’instar du système de score social utilisé en Chine et dans d’autres pays.
Ainsi, si l’idée d’une identité digitale sur la blockchain paraitrait presque « sexy », la réalisation l’est un peu moins. Pour l’heure, il reste encore beaucoup de travail à fournir, un travail qui ne peut pas progresser en l’absence d’utilisateurs.
Sources : Zebu Live
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