Les Bahamas, petit archipel paradisiaque, s’apprêtent à secouer les cocotiers du monde financier en mettant les bouchées doubles pour propulser leur monnaie numérique de banque centrale (CBDC), le “Sand Dollar”. Leur nouvelle initiative intervient dans un contexte où leur crypto d’État, introduite depuis 2020, n’a pas réussi à s’imposer auprès des citoyens.
Sous la direction du gouverneur de la banque centrale John Rolle, une loi d’application obligera bientôt toutes les banques commerciales à offrir le Sand Dollar. Objectif : Faire de cette monnaie numérique la pierre angulaire de la vie quotidienne aux Bahamas.
Une législation imminente pour soutenir le Sand Dollar
Les autorités du Bahamas ne plaisantent plus. La banque centrale, sous la houlette de John Rolle, prépare de nouvelles règles strictes dans l’usage de son impopulaire CBDC : d’ici deux ans, toutes les banques commerciales devront offrir le Sand Dollar à leurs clients.
Fini le temps des demi-mesures et des engagements volontaires. C’est une question de loi maintenant, et cette législation mettra chaque banque au pied du mur, forçant l’intégration du Sand Dollar dans leurs services.
Mais pourquoi l’urgence soudaine ? C’est juste que le Sand Dollar n’a pas réussi à s’infiltrer dans la vie quotidienne de la population, malgré un lancement à grande échelle. À ce stade, ce n’est qu’une fraction de l’argent en circulation.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes, en fait : l’utilisation des portefeuilles a diminué de façon spectaculaire entre janvier et août de l’année dernière, de 49,8 millions de dollars à seulement 12 millions de dollars. La banque centrale a pris cela comme une alerte.
Les défis de l’adoption du Sand Dollar
Le Sand Dollar avait tout pour séduire. Lancé en 2020, il promettait de démocratiser l’accès aux services bancaires et de faire entrer l’économie des Bahamas dans l’ère numérique. Pourtant, l’adoption n’a pas suivi. Les Bahamiens, bien que curieux, restent prudents, et les banques commerciales ne sont pas pressées d’adopter ce nouvel outil.
Les causes de la relativement faible adoption sont nombreuses. D’abord, une résistance au changement technologique de la part des banques et des consommateurs. Ensuite, des défis techniques non négligeables : adapter les systèmes informatiques existants au Sand Dollar nécessite du temps, de l’argent et de l’expertise.
Mais John Rolle reste optimiste. Selon lui, cette transition est non seulement nécessaire mais inévitable pour moderniser les transactions financières et améliorer les systèmes de paiement mobile dans le pays.
Comparaisons internationales et stratégies d’adoption
Les Bahamas ne sont pas seuls à rencontrer des difficultés lorsqu’il s’agit de lancer leur CBDC. A l’échelle mondiale, des économies comme l’Inde, la Chine, et le Nigeria ont signalé des défis similaires.
En Inde, par exemple, la Reserve Bank of India a annoncé qu’elle avait franchi la barre du million de transactions de détail avec sa monnaie numérique, la e-rupee, après avoir encouragé l’utilisation de ces transactions. Mais après la fin de ces incitations, le niveau des transactions quotidiennes a chuté, indiquant qu’il n’y avait pas de demande véritable.
En Chine, les fonctionnaires participant à l’expérience pilote de la CBDC ont préféré convertir leur e-CNY numérique en espèces en raison de la convivialité des transactions et de la confidentialité.
Au Nigeria, bien qu’un nombre insignifiant de personnes inscrites utilisent l’eNaira, il y a eu de nombreux efforts pour promouvoir son utilisation. Les Bahamas, en revanche, sont plus des mesures réglementaires que des incitations monétaires dans le but d’obtenir une adoption durable du Sand Dollar.
La stratégie est focalisée sur la mise en place d’un cadre réglementaire soutenable qui assure une utilisation continue du Sand Dollar, améliore la performance des systèmes de paiement mobile et développe les principes de manière à soutenir le développement d’un service de paiement approprié.
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