Attendu depuis longtemps, le texte de MiCA entrera en vigueur dans une dizaine de jours. Si les acteurs de l’industrie sont en suspens, une majorité tend à remettre en question la réalité imposée par la nouvelle régulation européenne.
Entre espoirs et réalité
« Les États-Unis innovent, l’Asie copie, et l’Europe régule », dit l’adage. À quelques jours de l’arrivée de MiCA, texte censé encadrer les cryptoactifs en Europe, quelques doutes commencent à s’infiltrer dans l’industrie.
Il faut dire que l’idée est relativement nouvelle. Jamais, auparavant, l’Europe n’avait entrepris de tels travaux et ne s’était autant penchée sur cette diversité et ces catégories d’actifs. Après lecture, de nombreux acteurs du Web3 se montrent peu rassurés par la régulation.
Si certains approuvent largement la réactivité de l’Europe, d’autres, à l’inverse, pensent que MiCA pourrait potentiellement faire des dégâts. Lors du Proof of Talk à Paris, en ce début de semaine, Michael Chobanian, CEO de KUNA déclarait, à propos de la régulation européenne :
« Les crypto-monnaies et la blockchain vont devenir plus sécurisées pour tout le monde, mais si on crée des règles trop strictes, comme le fait MiCA, cela pourrait littéralement tuer l’Europe. […] L’Asie, les États-Unis et les autres régions n’ont que faire de MiCA parce qu’ils ont leur propre régulation, voire aucune régulation du tout. En Europe, on risque de perdre toute crédibilité. »
Un texte trop « rigide »
L’idée que MiCA se veut trop « strict » n’est pas pour autant soutenue par tout le monde. Cependant, au cours d’une interview, le CEO de MultiversX, Beniamin Minu, tend à partager cette position. Toutefois, pour lui, un changement reste possible :
« La régulation n’est pas une stratégie. La stratégie, ça devrait être de construire. […] MiCA est trop rigide, et l’Europe régule beaucoup trop. J’exhorte le régulateur à engager la conversation avec l’industrie. »
Cette affirmation forte, portée par Beniamin Mincu, fait écho aux positions du CEO de Tether concernant son USDT. Pour rappel, le CEO de Tether avait fait comprendre, début avril, qu’il n’hésiterait pas à retirer son USDT du marché européen en cas de désaccord avec les autorités de régulation européennes. Il pointait notamment du doigt la nécessité de conserver 60% des dépôts en espèce selon MiCA.
L’avenir de la crypto en jeu
Outre l’avenir et la réputation de l’Europe, il s’agit également de l’avenir de la crypto-monnaie et de ses valeurs.
« Si ça continue, les crypto-monnaies vont finir par être complètement centralisées, ce qui n’est bon ni pour la crypto, ni pour l’industrie », déclarait Peter Grosskopf, Co-founder & CTO d’Unstoppable Finance.
Le premier volet de MiCA entrera en vigueur d’ici le 25 juin 2024. Un délai a d’ores et déjà été accordé aux instituions et entreprises afin qu’elles puissent se mettre en conformité avant la fin de l’année civile en cours. Passé ce délai, le texte devrait officiellement permettre de faire le ri entre les bons et les mauvais acteurs du Web3.
Sources : Proof of Talk 2024
Sur le même sujet :
- Proof of Talk 2024 : Quand la TradFi rencontre le Web3
- Proof of Talk révolutionne le pitch avec Proof of Pitch combinant l’IA et le top des VCs du Web 3
- « Le web3, c’est la spéculation », mais Bitcoin progressera avec ou sans monnaie fiat