Récemment, Slava Demchuk acceptait de répondre à quelques-unes de nos questions concernant l’avenir de la crypto et de la DeFi. Pour l’expert en cryptographie, l’expérience utilisateur est complétement cassée dans le Web3.
De développeur en cryptographie à expert AML et Compliance
Slava Demchuk a commencé comme développeur spécialisée en cryptographie en 2006. Quelques années plus tard, les crypto-monnaies faisaient leur apparition. L’expert raconte que la transition s’est alors faite de manière tout à fait naturelle.
Plusieurs années plus tard, il se retrouve confronté à un problème de taille, lui et ses collègues : leurs comptes sont bloqués sur un exchange.
« L’un de nos comptes s’est retrouvé bloqué sur un échange centralisé, ce qui nous a vraiment surpris. Nous avons réalisé qu’il y avait un réel problème. Dans un monde classique, les banques et différentes entités règlent ces problèmes pour vous et pour les petites entreprises. Dans la crypto, qui est un environnement majoritairement en self-custody, tout le monde doit comprendre ce qu’est l’AML (Anti Money Laundering), le KYC (Know Your Costumer) et la régulation », explique-t-il.
Le marché semblait alors avoir besoin d’outils afin de lutter face à ce type de problèmes. Il a donc créé AMLBot, une solution basée sur Telegram qui propose des outils en lien avec la compliance et les systèmes AML.
« L’expérience utilisateur est cassée », pour Slava Demchuk
Interrogé au sujet des problématiques actuelles dans le domaine de l’AML, Slava Demchuk en cite deux :
« Le premier problème, c’est que l’expérience utilisateur est cassée. Les plateformes requièrent vos documents personnels. Il existe un réel problème de vie privée. Vous, en tant qu’utilisateur final, êtes forcés de partager vos informations sensibles. Le souci, c’est que vous ne savez pas si ces données seront bien conservées. Si la plateforme de stockage où sont placées vos informations se fait pirater, vos données vont rapidement se retrouver à se promener sur internet. »
En effet, plusieurs cas de leaks de bases de données ont lieu régulièrement, et pas uniquement dans la sphère des crypto-monnaies. En début d’année, un hack majeur avait vu la fuite de données de centaines de milliers de personnes en France suite à une attaque de bases de données de certains organismes de complémentaire santé.
« Le second problème concerne davantage les petites entreprises et les startups qui doivent non seulement penser à leurs revenus et à la gestion des données des utilisateurs, mais aussi à créer des solutions complexes qui, essentiellement, vont couper dans leurs bénéfices. Il s’agit essentiellement d’assurances et de solutions de compliance. »
Slava Demchuk explique, par ailleurs, qu’il s’agit des raisons majeures pour lesquelles AMLBot fut créé, il y a maintenant 5 ans.
Comment le Zero-Knowledge Proof (ZK proof) peut allier compliance et vie privée ?
Cependant, si l’horizon semble un peu sombre, rien n’est encore joué. Pour l’expert, les solutions basées sur la technologie Zero-Knowledge Proof ont de l’avenir :
« Initialement, le ZK proof permet de pousser des données sur la blockchain de manière plus efficace et plus sécurisée. En termes de régulation, ce type de technologie permet de prouver un fait sans avoir à le montrer. Par exemple, vous pourriez prouver votre âge ou votre nationalité sans avoir à révéler vos documents d’identité. »
Les bénéfices de ce type de technologie sont multiples. Ils permettent non seulement de garder le pouvoir sur les données transmises, mais également de s’octroyer davantage de sécurité dans la vie de tous les jours, comme l’explique Slava Demchuk :
« La technologie ZK proof mène à une plus grande protection de la vie privée. Vous pourriez utiliser le ZK Proof au lieu de révéler vos documents sensibles. Néanmoins, le problème subsiste du côté du régulateur qui n’a pas encore accepté ni adopté ce type de technologie. Ils requièrent encore les documents complets. […] À l’avenir, la protection de la vie privée et le respect de la régulation convergeront. Cela permettra d’améliorer l’expérience utilisateur et d’octroyer une meilleur protection face aux mauvais acteurs. »
Pour l’heure, l’idée de la technologie ZK Proof fait rêver. À termes, on pourrait imaginer la possibilité d’ouvrir un compte sur un CEX sans avoir besoin d’uploader sa carte d’identité ou tout autre document personnel. Pour cela, il faudra que les régulateurs engagent la conversation avec les acteurs clé du marché.
Sources : Interview Slava Demchuk
Sur le même sujet :
- Tornado Cash accusé à nouveau de blanchiment d’argent
- L’UE approuve provisoirement des mesures strictes pour lutter contre le blanchiment d’argent en crypto-monnaies
- La directrice juridique de OneCoin plaide coupable de fraude et blanchiment d’argent